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LE MONDE SUR LE POUCE
Le tour du monde 100% en stop et en images de Florence Renault
BOLIVIE
Du 23 Novembre au 14 Décembre 2013
Après avoir traversé le désert du Chaco au Paraguay, j'arrive en Bolivie à Santa cruz où je retrouve un ami. Nous traversons très lentement ce pays montagneux en passant par Samaipata, Sucre, Potosi, Tupiza d'où nous découvrons le parc national du Sud Lipez et le salar d'Uyuni, l'un de mes régions préférées de mon tour du monde en auto-stop. Puis nous continuons notre voyage vers l'Argentine.
Récit De Voyage
La route infernale
De Santa Cruz à Sucre
Le camion surchargé d'huile d'olive patine sur la route humide.
Glissement à droite vers l'extérieur du virage. Assise sur la couchette arrière, je m'agrippe au siège de Sébastien qui m'a rejoint pour un mois de voyage. Le ravin est JUSTE LA. Sandro, le chauffeur freine, fait marche arrière. On attend vingt minutes que la terre sèche.
2ème tentative, 2ème patinage, 2ème frayeur.
La 3ème fois, on passe !
A ce moment là, ce n'est que le début, je ne sais pas encore que TOUTE la route en terre est sinueuse et qu'il nous faudra 24 heures pour parcourir 300 kilomètres !
La beauté des paysages compense les frayeurs de la route.
Cactus géants, immense vallées sauvages sans vie humaine, couleurs bleues-vertes-rosées.
Sandro nous pose plein de questions sur la France : comment sont nos routes ? les paysages, le climat, la nourriture ?
Je lui demande s'il y a souvent des accidents.
- Tu vois la plaque de San Pedro là ? C'est un minibus qui est tombé dans le ravin en ratant le virage il n'y a pas longtemps.
- …
Le soleil se couche et on s'arrête manger un poulet-riz-frites, le plat traditionnel bolivien.
Je suis stressée à l'idée de reprendre la route. Mais après hésitation, on décide de rester avec Sandro, sympa et bon conducteur. Ce n'est pas dit qu'on trouve facilement quelqu'un qui veuille bien nous emmener demain. Et gratuitement, car les boliviens réclament très souvent de l'argent pour le stop, ce que nous refusons à chaque fois.
Sandro salue par la fenêtre le doyen des camionneurs, il a 78 ans.
On croise beaucoup de camions et de bus la nuit. A l'approche d'un virage, Sandro klaxonne. Celui qui descend s'arrête pour laisser passer celui qui monte. Le seul avantage de rouler de nuit c'est qu'on ne voit pas la profondeur du ravin. Cette fois, le bus qui descend ne s'arrête pas, il fonce et force le passage. On se croise à l'entrée du virage, nos pneus passent à ras du vide. Au bout du virage, nos phares éclairent une grande croix métallique et d'autres plus petites en pierres. Sandro fait son signe de croix. Il a eu peur. Moi aussi.
- C'était le dernier virage dangereux, après ça ira mieux.
Il veut me rassurer mais après ce n'est pas mieux.
Sandro a 35 ans, il gagne 1400 bolivianos par mois (soit 140 euros) en conduisant tous les jours sur une routes sineuse parsemée de croix, celle qu'il appelle en riant « la route infernale ».
Il a fait des cueillettes pendant un an en Espagne mais ça ne lui a pas plu alors il a décidé de revenir dans son pays. Sa femme et sa petite fille vivent à Sucre. Ils les verra demain mais là il va dormir cinq heures sur la couchette du camion.
Sébastien et moi nous allongeons sous le kiosque de la place du village, des boliviens s'y reposent déjà.
Réveil ! Deux heures de route pour atteindre le village suivant. Les murs sont couverts de poussière ocre, dégagée par le passage des véhicules. Dans la rue, le garagiste et sa femme nous remplacent deux pneus (tellement usés qu'on voit les fils de fer) par des « pneus rénovés » , c'est-à-dire colmatés avec du caoutchouc fondu. Donc lisses...
Nous achetons des mangues et des biscuits à la grand-mère assise devant son étalage. Sur la petite place, planche et tréteaux font office de cantine pour les camionneurs. Ils prennent leur petit-déjeuner : poulet-riz-frites.
J'entre dans le bar du village et demande où sont les toilettes, on m'indique le jardin qui fait office de déchetterie. Cinq vieux, tasse à la main me dévisagent et me demandent si je veux boire leur breuvage. L'apparence visqueuse et blanchâtre de la marmite à cette heure matinale ne me donne pas franchement envie. Sandro m'explique ensuite qu'il s'agit de la « chicha », boisson alcoolisée et que dans ces villages isolés, les gens boivent dès le matin et sont tous alcooliques. Peut-être que Sandro exagère. Mais la suite du voyage me confirmera qu'il y a apparement un problème d'alcoolisme en Bolivie et nous croiserons un bon nombre d'éméchés.
Les paysages sont toujours aussi grandioses. En contrebas, il y a une large vallée où coulait jadis une rivière. Les petits cailloux le rappellent. Maintenant il y a juste un ruisseau.
Sébastien et moi se relayons pour dormir sur la couchette arrière. Sandro reste vigilant mais il est épuisé. Il ne mâche pas de feuilles de coca pour tenir le coup, il pense que c'est mauvais pour la santé.
Encore un pneu crevé.
Encore un poulet-riz-frites.
La route est maintenant goudronnée, elle traverse le village de Chuqui-Chuqui, puis Chaco. Les villageois se rassemblent au petit stade pour le spectacle de fin d'années du lycée (ici l'année scolaire se finit en décembre). Au bord de la route, j'achète des bonbons à une bolivienne. Comme la plupart des femmes, elle porte la tenue traditionnelle : jupe plissée aux genoux, chemisier, bustier, deux longues nattes noires et un chapeau noir plat
On aperçoit bientôt la belle Sucre, perchée à 2800 mètres d'altitude.
Un dinosaure sculpté garde l'entrée de la ville. Des français ont découvert ici des œufs et des empreintes de dinosaures dans la roche. Une centaine de camions sont garés les uns derrière les autres à l'entrée de la ville. Après 24 heures de voyage, nous saluons le héros de la route infernale. Ciao, muchas gracias y suerte !
Au top 5 de mes plus beaux paysages
Après avoir parcouru cette route, je pensais avoir vu les plus beaux paysages de ma vie. Puis j'ai découvert la région du sud Lipez et le Salar d'Uyuni : lacs roses-verts-bleus-marrons, flamants roses, lamas, maisons en terre, sources d'eau chaude, geysers, volcan fumant, lagon bleu turquoise, neige à 5000 mètres d'altitude, désert de sel, cimetière de vieilles locomotives, canyons rouges... Incroyable.
Photographies de Bolivie
Toucan, Santa Cruz | Calle Aroma, Santa Cruz | Mercado Central, Samaipata | Mercado, Samaipata | Plaza principal, Samaipata |
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Lavanderia, Samaipata | De Villagrande a Sucre | Mercado, Sucre | Mercado central, Sucre | Sucre |
Museo de Etnografia, Sucre | Potosi | Plaza principal, Potosi | Mercado central, Sucre | Mines, Potosi |
4855 mètres d'altitude, Sud Lipez | Lama, Sud Lipez | Sud Lipez | Sud Lipez | Laguna Verde, Sud Lipez |
Flamingos, Sud Lipez | Aguas Calientes, Sud Lipez | Pétanque, Sud Lipez | Sud Lipez | Salar de Uyuni |
Lever de soleil, Salar de UyuniSunset | Bon voyage, Sud Lipez |
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