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LE MONDE SUR LE POUCE
Le tour du monde 100% en stop et en images de Florence Renault
ARGENTINE
Du 10 au 31 octobre 2013
Du 14 décembre 2013 au 23 mars 2014
Du 10 décembre 2014 au 24 Mars 2015
Récit De Voyage
Dictionnaire hispanophone
Buenos Aires (10 au 31 octobre 2013)
Au milieu du noman'sland qui sépare les douanes du Brésil et d'Argentine, mon conducteur m'offre un bonbon (oui, j'accepte les bonbons offerts par les inconnus !).
- Obrigada !
- No, GRACIAS ! , s'exclame-t-il en riant.
Il va falloir que j'oublie le portugais et que je commence à apprendre l'espagnol.
Ainsi je ne voyage plus en « carona » mais « A DEDO » , c'est-à-dire en stop, une pratique qui a l'air beaucoup plus répandue en Argentine qu'au Brésil. Certaines conducteurs s'arrêtent même pour me dire que « désolé, je vais juste à deux kilomètres d'ici donc ça ne vaut pas le coup que je t'emmène mais bon courage et bonne chance »... Épatant, incroyable. GRACIAS GRACIAS (vous voyez, je commence à mémoriser)
Quelques jours plus tard, je traverse la campagne profonde avec une co-auto-stoppeuse argentine. Assises à l'arrière du camion, nous faisons un bond à chaque bosse du chemin de terre. Les pièces métalliques du véhicule s'entrechoquent dans un énorme raffut. Soudain le camion se soulève , saut de géant ! Nous venons de percuter un CAPIBARA. C'est un animal gros et poilu comme un sanglier, avec une tête de castor, et une dégaine de panda. Il aime nager, se promène en bande et paraît inoffensif. A travers la paroi du véhicule faite de planches, j'aperçois le cœur sectionné du CAPIBARA. Il bat toujours, à côté de sa dépouille. Nous reprenons notre route au milieu des grandes étendues marécageuses éclairées par la pleine lune. Direction Buenos Aires.
Je retrouve mon amie Alexiane, française, et son copain argentin, Federico, qui vivent dans la capitale depuis quelques mois. Ils m'emmènent au meilleur restaurant d'EMPANADAS: ce sont des petits feuilletés fourrés avec de la viande, du poulet, du fromage ou des légumes. C'est délicieux, voir addictif.
Entre deux EMPANADAS, je me promène dans les rues de Buenos Aires. Chaque jour, je découvre un nouveau quartier. Tous les 50 mètres, en se penchant vers moi avec une fausse discrétion, on me susurre : HERMOSA , c'est-à-dire « jolie » mais à vrai dire je ne trouve pas ça flatteur, plutôt lourdingue après 5km de promenade. Le plus irrespectueux ce sont les sifflements ou les claquements de langue et puis la façon dont on me dévisage, même lorsque je suis accompagnée de Federico. Mais je continue (presque) sans rien dire... (euh, oui, de toute manière je ne parle pas espagnol).
Ainsi, après quelques habituels HERMOSA, et autres bruitages, j'arrive au cours de TELA d'Alexiane. Cela signifie ruban. Scindé en deux, il est suspendu au plafond et tombe jusqu'au sol. Il faut l'escalader puis effectuer des figures acrobatiques : arabesques, roulades, grand écart.... Un art de cirque, un sport aussi, beaucoup pratiqué par les argentines, qui l'été venu, suspendent leurs rubans aux arbres et s’entraînent dans les parcs.
Sur le chemin du retour, nous traversons les six passages piétons de l'Avenida 9 de Julio, la plus large du monde (140 mètres). Il y a un immeuble avec le portrait géant d'EVITA. Actrice puis épouse du président socialiste Peron, elle s'investit en politique et crée une fondation d'aide aux pauvres. Elle décède à 33 ans d'un cancer et devient une icône nationale.
En arrivant à l'appartement, nous écoutons la CHACARERA. C'est la musique folklorique de Santiago del Estero. Fier d'avoir grandi dans cette région du nord de l'Argentine, Federico monte le volume. La CHACARERA se danse en couple, en s'avançant et en tournant autour de l'autre, sans se toucher. Alexiane m'enseigne les pas dans son salon.
J'apprends aussi quelques bases de tango : il faut danser penchée en avant, serrée contre son partenaire, à reculons, le tout sans se marcher sur les pieds. Première leçon, pas franchement sensuelle. Né à Buenos Aires, le tango se pratique principalement dans la capitale, lors de MILONGAS. Ce mot désigne à la fois la soirée et le bar où se danse le tango. Ce soir, c'est ambiance hauts plafonds et vieux parquets, lumières tamisées et fauteuils, talons, jeunes danseurs et orchestre.
Traversée de l'Argentine
du nord au sud (24 décembre 2013 au 23 mars 2014)
Des montagnes aux roches multicolores, des cactus géants, une route bitumée dans le creux de la vallée, et bientôt Salta, sa place centrale claire et propre, ses rues commerçantes, ses délicieux empanadas, ses vitrines de Noël... Quel contraste avec la Bolivie. Il n'y a plus de femmes en costumes traditionnels et à peine quelques calèches. Retour vers le futur.
Lorsque je tends le pouce, les gens s'arrêtent et m'emmènent sans réclamer d'argent. Le 23 décembre, il fait 45°C, je réalise ma première expérience de scooter-stop en banlieue de Santiago del Estero : un gros monsieur me voyant dégouliner sous mon sac à dos propose de me conduire jusqu'à la porte de mes amis que je dois retrouver pour les fêtes... Joyeux Noël !
Assados (barbecues), piscine, climatisation à fond. La musique traditionnelle régionale se chante et se danse jusqu'au petit matin, voir la petite après-midi. Toutes les nuits. Avec Alexiane (mon amie française vivant en Argentine), nous fabriquons des porte-monnaies recyclés, inventons le sport de la fritte flottante, puis tendons le pouce ensemble pour rejoindre les environs de Cordoba.
Petites montagnes, cours d'eaux, forêts, camping. Simple et sympa. Ca me rappelle le sud de la France, mon été dans la région d'Albi. Ici aussi ce sont les grandes vacances, nous sommes en janvier. Les touristes sympathisants hippies se rafraîchissent dans les rivières. Il semblerait que des OVNIS et des extra-terrestres animent parfois le ciel. Pour la pleine lune ce soir, des femmes vont chanter et danser le satellite.
Après deux mois en compagnie de Sébastien puis d'Alexiane, je continue le voyage seule. Dur.
Virage à l'ouest pour rejoindre la fameuse route 40 qui traverse l'Argentine du nord au sud en longeant la Cordillère des Andes.
Je savoure le vin de Mendoza et les derniers rayons de soleil brûlants.
Je traverse de longs déserts arides, plats ou montagneux, noirs et volcaniques puis verts à nouveau.
Peu de circulation, pas d'habitations, juste le mouvement réguliers des pompes à pétrole.
Route bitumée ou en terre. Mon chauffeur freine brutalement et saute de la voiture. Il court attraper un hérisson-tortue pour me le montrer de près : c'est un tatou. Il me dépose plus tard devant la maison de mon hôte couchsurfing. Presque tous les jours, des membres du réseau internet d'hospitalité m'hébergent dans les différents villages de la route 40.
J’atteins bientôt la Patagonie, quelques degrés se sont perdus en chemin.
C'est une région avec de grands lacs bleus, des petites montagnes, une nature verdoyante, des chalets en bois. On se croirait en Suisse. Des chocolateries, des fromageries... En effet, il y a eu une forte immigration suisse ici, allemande aussi (nazie entre autres) et française. Un juriste de Dordogne est même venu ici en 1860 pour s'auto-proclamer roi d'Araucanie et de Patagonie, avant d'être emprisonné par les chiliens et interné dans un asile psychiatrique. Si l'Etat français avait soutenu les deux années de règne d'Orélie-Antoine Ier, qui sait, la Patagonie serait peut-être restée française.
Mais elle est devenue un peu chilienne et principalement argentine.
Sur la route 40, Max me prend en stop et m'offre l'hospitalité. 30m2 et quelques matelas à partager avec lui, sa mère, sa fille, une amie, son frère Ivan et Nicolas un ami de son frère! Ils sont de visite pour les vacances. « Toma maté Flor, toma maté » (bois du maté Flor, bois du maté) , me répète la mère, en rajoutant une cuillère de sucre dans l'infusion. A la balade au bord du lac, Ivan emmène « son fils », un peluche jaune géante de Titi. Nicolas, lui, adore l'artisanat, on s'arrête à tous les stands du marché. Ils sont drôles et m'appellent déjà cousine.
Ils s'émerveillent de mes histoires de « mochillera », c'est à dire de « voyageuse au sac à dos ». En Amérique du Sud, partir à l'aventure avec son sac à dos est une pratique plus courante qu'en Europe. Un peu à la Che Guevara (cf le film « Carnet de voyage »), de jeunes sud-américains partent quelques mois l'été ou parfois un an pour découvrir leur continent. Hippies, souvent tatoués et piercingués, ils voyagent en stop ou en van, vivent de quelques économies, d'artisanat, de musique ou de jonglerie aux feux rouges. Vus comme des marginaux, les mochilleros suscitent aussi parfois la sympathie et l'admiration pour leur simplicité et leur « courage ».
Pour l'instant il s'agit plutôt du courage de dire aurevoir et de continuer mon voyage. Promis, je reverrai Ivan et Nicolas qui habitent près d'Ushuaia.
Quelques belles randonnées. Avec un colombien et un lituanien, j'escalade une montagne, périlleux. A la sortie d'un village, je rencontre un américain qui lui aussi veut se rendre à la même réserve naturelle que moi, à 1200 kilomètres d'ici. Nous tendons le pouce ensemble. Une voiture orange s'arrête, le conducteur et le passager sortent en criant... ce sont Ivan et Nicolas, mes amis maté sucré-fous-sympa-cousins-qui vivent près d'Ushuaia ! Nous partageons quelques centaines de kilomètres tous les quatre puis nos routes se séparent à nouveau. Avec l'américain, il nous faudra trois jours pour atteindre le village d'El Chaten, un de mes endroits favoris d'Argentine pour ses randonnées près des glaciers, des lacs et des montagnes.
Un énorme morceau de glacier se détache dans un bruit fracassant et rebondit sur le lac dans un gigantesque éclaboussement. C'est le glacier Perito Moreno, 5 kilomètres de long et 70 mètres de hauteur émergée. Une des plus grande réserve d'eau potable du monde. Contrairement à la plupart des glaciers, il n'est pas en régression et avance de plusieurs mètres tous les ans.
Moi j'avance de quelques centaines de kilomètres encore. Huit mois déjà que je voyage et je me sens fatiguée. J'arrive à Ushuaia avec l'intention de m'y reposer et de chercher un bateau-stop pour l'Antarctique. Le compte à rebours est lancé car c'est la fin de l'été et de la saison touristique. J'arpente le port et apprends qu'il n'y a plus de croisières en voiliers pour l'Antarctique. D'ici quatre semaines il n'y aura plus de gros navire de luxe non plus. Je bombarde les compagnies d'emails et d'appels skype... Les directeurs sont quasiment tous basés en Amérique du Nord, en Europe ou en Australie.
A défaut d'une croisière gratuite sur le continent blanc, je suis maintenant serveuse sur le port. Entre deux services, j'escalade les grillages du port. Je passe discrètement les portiques de sécurité et m'introduit sur les bateaux pour demander aux capitaines stupéfaits s'il peuvent m'emmener. Non.
Je rentre chaque soir un peu plus dépitée ou motivée et raconte l'avancée de mes recherches à la famille Schröder. Pendant un mois ils m'offriront l'hospitalité, corrigerons mes lettres de motivation et mes CV en espagnol, m'aideront dans mes recherches. Grâce à eux, je peux continuer de rêver au continent blanc. Chaque nuit dans le même lit. Je mange chaud et équilibré, parle aux même personnes. Douce routine appréciable et rassurante. Chaque jour j'emprunte le même chemin vers le centre-ville. Je rencontre plusieurs personnes qui « pourraient m'aider », beaucoup de « peut-être » me font espérer.
Soirées couchsurfing du jeudi soir, footing, balades dans les montagnes alentours. Il neige et je repeins le salon. Je passe à la radio, à la télévision. Je contacte la marine nationale, l'armée de l'air, d'Argentine, du Chili... J'établis mon QG dans la station essence du port pour sa wifi gratuite et son emplacement stratégique. Je guette les bateaux, je connais les noms de ceux qui partent et arrivent, leurs nationalités, le nombre de passagers. Je crois que « la recherche du laisser-passer A39 » pour l'Antarctique me monte un peu à la tête. Mais bon, on est à Ushuaia ! Il doit bien y avoir quelqu'un dans cette ville qui a la clé de ma quête, non ?
Fin mars, fin des croisières, la saison touristique se termine et plus aucun bateau ne va en Antarctique. L'armée ne veut pas communiquer. Tristesse. Game over. Ou plutôt partie remise, car je compte bien retenter ma chance un jour en Nouvelle-Zélande, autre porte d'entrée pour l'Antarctique.
Je trouve finalement un voilier-stop, mais pour le Chili.
Je quitte Ushuaia reposée et excitée de repartir vers l'inconnu après un mois de sédentarité.
Direction Puerto Williams, une île enneigée aux allures magiques du Seigneur des Anneaux.
Photographies De Buenos Aires
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Recoleta, Buenos Aires | Buenos Aires |
Photographies D'Argentine
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