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LE MONDE  SUR LE POUCE

Le tour du monde 100% en stop et en images de Florence Renault

CAMEROUN

Du 17 mars au 9 novembre 2020

Récit De Voyage

Lors de ma traversée du Congo Brazzaville en auto-stop, la pandémie du covid-19 commence à prendre de l'ampleur et certains pays commencent à fermer leurs frontières. Je décide donc d’accélérer la cadence. Mais le jour où je passe la frontière du Cameroun, le gouvernement annonce le fermeture de ses frontières et je me retrouve bloquée.

Après 24 heures de panique à la recherche d'un endroit pour me confiner (bien que le confinement ne soit pas obligatoire), une amie d'amie (elle-même bloquée en France) propose de me prêter son appartement... en plein cœur de l'ambassade de France de Yaoundé ! J'habite pendant un mois sous haute sécurité et c'est rassurant car chaque sortie me vaut des "coronavirus", "rentre chez toi","tu nous apportes la maladie".

Puis je pars me confiner deux mois chez une famille italo-congolaise. En échange du gîte et du couvert, je m'occupe des devoirs de leur fille de six ans tous les matins. Mon moral remonte c'est beaucoup plus sympa de vivre avec de la compagnie, d'apprendre à lire et à écrire à une enfant...et de se nourrir de pâtes, lasagnes et tiramisus. Les vols internationaux reprennent en juin et la famille part en Europe. J'avais déjà refusé les vols de rapatriement et il n'est toujours pas question pour moi de rentrer en avion. Après sept ans de tour du monde en auto-stop, il ne me reste plus que 10 000 kilomètres à parcourir et je ne veux pas abandonner mon projet si proche du but.

Un autre Français rencontré à l'ambassade, me prête son appartement pour un mois. Je réalise ma hantise : tomber gravement malade seule. Finalement, je suis hospitalisée d'urgence pour me faire opérer de l'appendicite. Je me réveille de mon anesthésie générale avec une énorme douleur à l'épaule qui m'obligera à dormir assise et faire des nuits blanches pendant trois semaines.

Mais il y a une lueur dans le tableau : mon copain Sebastian, qui était coincé en Nouvelle-Zélande à cause de la pandémie, réussit enfin à me rejoindre. On est heureux de se retrouver après cinq mois de séparation.

Nous passons le mois d'août au bord de la mer, à Kribi, où il attrape la malaria.

Comme chaque mois, j'espère que les frontières vont rouvrir le mois prochain, mais rien ne bouge, même pas début septembre. Ça rend la situation stressante et ça empêche de faire des plans sur plus d'un mois.

Fin août, nous revenons à Yaoundé, dans une maison prêtée par des Français. Cette fois, mon copain attrape le covid-19 mais il ne présente aucun symptôme. Nous restons confinés. J'en profite pour refaire tout mon site internet. Puis une franco-camerounaise nous prête un des ses appartements Airbnb. En échange, je leurs crée un site internet, avec des photos et des vidéos d'illustration.

En parallèle, depuis quatre mois, je multiplie les visites médicales et les séances de kiné pour mon épaule, ainsi que les coups de fil et les mails  pour mon assurance (Chapka et Axa) qui rechigne à rembourser mes frais médicaux.

Ça fait presque huit mois que je suis au Cameroun et j'ai une sensation de temps perdue et d'emprisonnement oppressant. J'étais tellement préoccupée par ma peur du Covid-19 au début, puis ensuite par mes problèmes de santé, d'assurance, et de recherche de logement chaque mois, que j'ai volontairement limité mes rencontres et peu visité le Cameroun. J'aurais juste fait une virée chez les Pygmées, une excursion aux lacs Jumeaux et aux Chutes d'Ekom Nkam avec une copine, la visite de Douala, des baignades à Kribi et quelques fêtes au Burger Bar. Je relativise en me disant que 2020 a été une année difficile pour tous, qu'au moins l'ambiance reste cool au Cameroun où tout le monde continue sa vie normalement. J'ai eu la chance de rencontrer des personnes généreuses qui m'ont hébergé ou prêté un logement, et mon copain a pu me rejoindre depuis trois mois.

Les frontières terrestres restent officiellement fermées et ça risque de durer longtemps. Mais il paraît qu'officieusement c'est possible de traverser. Qui ne tente rien n'a rien... C'est stressant mais ça me semble le seule issue... Je continue mon tour du monde en auto-stop vers le Nigeria où les violentes manifestations contre la police viennent de prendre fin.

Photographies Du Cameroun

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