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LE MONDE  SUR LE POUCE

Le tour du monde 100% en stop et en images de Florence Renault

EGYPTE

Du 16 mai au 16 juin 2019

Récit De Voyage

Après quelques embrouilles avec la douane Égyptienne, j'arrive avec Sebastian dans la petite station balnéaire de Dahab. C'est sur la péninsule du Sinaï, au bord de la mer Rouge. Chaque jour, en plongée sous-marine ou avec nos masques et tubas, nous explorons les superbes fonds marins : une longue barrière de coraux avec des poissons multicolores. C'est le Ramadan, donc la saison basse et nous apprécions tellement le calme de Dahab que nous y restons deux semaines : juste assez pour passer notre PADI, brevet de plongée sous-marine, faire une randonnée de deux jours dans le désert montagneux et aride du Sinaï, et se reposer un peu ! Mais à peine nous reprenons la route que les embrouilles avec la police recommencent. Il faut dire que l’Égypte est un pays de flics avec des barrages tous les cinquante kilomètres ! Ils nous font descendre d'un camion et refusent violemment de nous laisser faire du stop. Le jour suivant, Sebastian décide de prendre un bus... et moi, grosse chanceuse, je suis prise en auto-stop par le fils du commandant de police puis par un bus de locaux, ce qui me permettra de traverser le désert du Sinaï sans aucun contrôle !!! J'arrive au Caire cinq minutes après Sebastian !

 

Nous nous précipitons le lendemain matin à l'ambassade du Soudan pour faire nos demandes de visa. Mais elle est fermée pour la semaine de l'Eid, la plus grande fête musulmane marquant la fin du Ramadan. Il va falloir attendre une semaine ! Le soir même, on lit dans les news qu'une centaine de manifestants pacifistes s'est faite massacrée par le gouvernement de transition militaire le matin même à Khartoum. Et dire que nous, la bouche en fleur, on venait faire une demande de visa ! Je comprends mieux pourquoi il y avait autant de policiers autour de l'ambassade! Est ce le début d'une guerre civile au Soudan ? Est-ce trop dangereux d'y voyager ? Quels sont les plans B pour éviter le Soudan ? Nous passons une semaine chez une quinquagénaire allemande et ses chats à faire chauffer nos cerveaux sur ces questions sans réponses.

Nous visitons la capitale déserte et les pyramides de Guizèh. Karim nous emmène au bord du Nil et dans les ruelles désertes du Souk. La mère de Ouf nous prepare un excellent repas d'Eid (je l'avais rencontré au Canada il y a 3 ans!) et Afaf un déjeuner. Nous revoyons un copain de Chypre... Puis la place Tahir reprend son effervescence et les gens s'agglutinent dans les couloirs de Magoma, le bureau des migrations. Refus d'extension de visa, il leur faut une preuve de domicile... Recherche de photocopieuse...Rien n'ouvre avant midi dans le centre. Je m'assieds sur une marche, la tête entre les mains et les nerfs en crise. "Pourquoi se prendre la tête à renouveller un visa super cher alors qu'aucun de nous ne veut vraiment rester en Egypte ?". J'ai lu sur des forums de voyageurs, que la situation était à nouveau calme au Soudan. J'ai la conviction profonde qu'il faut que j'y aille. Changement de plan soudain : Nous nous éloignons de Magoma pour rejoindre les ambassades du Soudan et celles d'Ethiopie. Je n'arrive pas à convaincre Sebastian de venir avec moi. Il ne me fait pas changer d'avis non plus. Il ne veut pas prendre de risque en traversant le Soudan, ni visiter plus longtemps l'Egypte. Il s'envole donc pour l'Ethiopie. Nous nous donnons rendez-vous dans deux semaines... à 3000 kilomètres du Caire !

 

Je quitte la capitale juste après ma rencontre avec le directeur de Nile River Transport qui accepte de m'offrir une place à bord du ferry d'Aswan (Egypte) vers Wadi Halfa (Soudan) en échange d'une vidéo. Il existe une route entre l'Egypte et le Soudan, mais elle est interdite aux voitures privées et se parcourt en bus sous escorte policière. Le bateau-stop semble donc une option plus sûre. Et puis descendre le Nil en bateau, c'est mythique ! A peine sortie du Caire, les embrouilles avec la police reprennent : ils m'empêchent de faire du stop. J'alterne entre ruser et faire l'idiote, les deux fonctionnent. A Louxor, je m'arrête visiter les tombeaux des pharaons dans la vallée des Rois. J'étais déjà venue en Egypte en 2005, mais je me rafraichis la mémoire ! Je m'arrête pour acheter un burger. On me donne un bout de pain rassis avec un trois morceaux de viande... Les Jordaniens m'avaient prévenue... Les Egyptiens ont une grosse réputation de voleurs au Moyen-Orient. Chaque jour est l'occasion d'une nouvelle dispute avec un Egyptien qui veut le kebab et l'argent du kebab. C'est la raison pour laquelle ce pays est aussi mal-aimé des backpackers (et de Sebastian).

 

Je revêts mon voile sur la tête et une chemise à manche longue pour continuer mon tour du monde en auto-stop vers le sud du pays. La tactique fonctionne. De profil, dans une voiture banale, je passe inaperçue et la police ne m'arrête pas. Quelle ironie que ce voile devienne ainsi un accessoire de liberté ! Les visages de mes conducteurs sont de plus en plus foncés au fil des kilomètres, puis noirs aux environs d'Aswan. Alors que je cherche un endroit pour planter ma tente près du port d'Aswan, une jeune famille Egyptienne m'offre l'hospitalité. Ils mettent les petits plats dans les grandsen m'offrant leur nourriture, leur lit et en me présentant à toute la famille. Des tentes sont installées dans la rue poussiéreuse car cette nuit (de minuit à 5h!), c'est mariage et tout le village est invité. Je me retrouve donc ballotée avec ma brique de jus de pomme dans une foule compacte de femmes me saluant et me prenant en photo. Mais je ne vole la vedette à la mariée juste une heure car mes hôtes ne supportent pas la foule (et moi non plus). S'ensuit un dîner à la maison à 3 heures du matin. Nous ne parlons pas le même langage alors la communication se résume à des sourires, des gestes et des albums photos. Pourtant ce fut ma plus belle nuit égyptienne !

 

Le lendemain, ils m'accompagnent au port d'Aswan pour que j'embarque sur un ferry tout rouillé... qui prend vite l'allure d'un bateau de réfugiés. Les passagers allongent leurs matelas sur le ponton et tendent des draps dans tous les sens pour se protéger du soleil qui tape à 45 degrés. Ce bordel photogénique m'amuse beaucoup et la croisière s'annonce à la belle étoile. Il nous faudra 24 heures pour descendre le Nil, admirer les côtes désertiques, le coucher et le lever de soleil, discuter avec les adorables passagers Soudanais, longer le temple d'Abu Simbel  et camper à côté de Mai, l'autre unique touriste du rafiot, une voyageuse vietnamienne qui deviendra ma partenaire d'auto-stop au Soudan.

Photographies d'Egypte

Vidéo : Traversée En Ferry-Stop D'Egypte Vers Le Soudan

Travel by ferry from Egypt to Sudan
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